Elsa Varanger


Croque-mort forestière, escrimeuse, et jouteuse de néo-béhourd




"Elsa", vue par Alma


Assise bien droite, la fossoyeuse m’attendait. Sur la petite table s’étirait soigneusement la brochure, toutes les infos visibles :

« Je ne te demande même pas de combattre, d’accord ? Sylvain s’est tapé un pruneau pour six mois. C’est moche, c’est une saloperie de coup dur, mais on peut faire avec. Le problème, c’est qu’il assurait aussi la logistique. Entretien des armes, armures… le boulot d’écuyer. Et ça, et ben on peut pas s’en passer. C’est toute l’équipe qui est en jeu, sans parler de la sélection pour la Bataille de France ! »

Elle a pris le temps de respirer. Je pouvais deviner son cœur en train de battre. C’était assez rare d’assister à de telles manifestations de passion. Juste en tant que témoin, en dehors du champ amoureux. Au quotidien, Elsa tendait à dissimuler la frange médiévale de son existence. La séparation nette la protégeait des regards, et lui laissait le loisir d’être entièrement elle-même, où qu’elle aille. Peu importait le milieu. C’était une fragmentation choisie. L’antidote pour un monde obsédé par les cloisons et les jeux de tiroirs.

« Ça fait deux semaines que je t’observe. T’es comme un pois chiche dans un aquarium ! Tu bulles, tu bulles… mais t’as plus envie de respirer. Il te faut de l’air Lionel ! Faut que tu changes de paysage, que tu brasses du mouvement ! Que tu sois dans l’action. Je sais que c’est dur. Je sais que t’as pas envie… C’est horrible ce qui s’est passé.

-        -   Tu piges pas, Elsa…. C’est pas juste Youri. C’est tout un…

-        -   On s’en fiche ! On s’en tape l’aisselle, tu comprends ? Faut que tu saisisses, nom d’un chien ! C’est pas important les circonstances. T’es en deuil ! En deuil de tout un tas de trucs…  T’appartiens au métier pourtant, tu devrais savoir. »

Le Nécrocide, p. 48 (?)

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